|

Le Réseau Téléphonique de Sécurité

Un peu d’Histoire.

La téléphonie est le moyen de communication quasi exclusif des exploitants des réseaux électriques, dans la première moitié du siècle dernier. Elle est restée incontournable par la suite, malgré le développement des télémesures, télésignalisations et télécommandes.

Le réseau téléphonique dédié à ce trafic d’exploitation et distinct du réseau téléphonique public PTT est appelé dès les années 1940 « réseau HF » (pour Haute Fréquence) nommé ainsi, car constitué essentiellement de liaisons à courant porteur sur les lignes haute tension (CPL), liaisons de télécommunication qui utilisent les lignes électrique HT mais fonctionnent sur des fréquences bien plus hautes que la fréquence à 50 Hz du réseau électrique.

Pourquoi des liaisons téléphoniques de sécurité ?

L’absence de moyens de communication publiques fiables

Au début du XXe siècle, dès la mise en exploitation de lignes haute tension, le besoin de trafic téléphonique rapide et sûr entre leurs extrémités apparaît. Il existe certes un réseau public de téléphonie et de télégraphie, mais il n’est pas du tout adapté aux besoins et ne peut garantir la sécurité souhaitée que dans les grands centres urbains.

En l’absence de moyens de communication fiables, les mises hors tension ou en service des lignes, les consignations et déconsignations des ouvrages doivent s’effectuer » à la montre « , c’est-à-dire à des heures prédéterminées à l’avance, avec tous les risques que cela comportait.

Les communications téléphoniques de type interurbain, qui concernent principalement l’exploitation des lignes HT, sont établies manuellement par des opératrices, parfois uniquement pendant les heures ouvrables.  Les délais d’établissement peuvent être très longs. Les circuits sont rares, établis en aérien, et donc soumis aux perturbations atmosphériques et peu fiables. En France, cette situation ne s’améliorera que lentement et des difficultés de trafic perdureront pratiquement jusqu’au milieu des années 1970.

La réaction des sociétés d’électricité,

De ce fait, les Sociétés d’Électricité cherchent alors à établir des liaisons téléphoniques qui leur soient propres, réservées à leur usage, donc disponibles à tout instant. Ces liaisons sont établies au moyen de circuits aériens placés sous la ligne, puis dès 1920, commencent à apparaître des liaisons par courant porteur sur ligne haute tension (CPL).

 Et celle du législateur.

En 1927, les règlements administratifs « exigent » l’existence de liaisons dites de « sécurité » sans préciser les moyens à utiliser.

L’utilisation de circuits PTT dédiés à cet usage est donc possible et lorsque ces circuits sont reconnus «nécessaires» par les organismes de tutelle, une réduction de 40 % du tarif des redevances est appliquée par les PTT. Cette disposition restera en vigueur jusqu’à la nouvelle loi de 1990 concernant les télécommunications.

 L’évolution vers un réseau téléphonique de sécurité

 la naissance de réseaux téléphoniques rudimentaires

 A partir des années 1910, les réseaux électriques s’étoffent, les lignes et les postes haute tension se multiplient.  De petits réseaux téléphoniques en «arête de poisson» apparaissent dans lesquels les postes téléphoniques sont mis en parallèle sur une ligne téléphonique qui dessert les sites concernés. Ils portent le nom de «sélectif». Tous les postes peuvent écouter et intervenir, si nécessaire, mais pour éviter de déranger les postes qui ne sont pas concernés, un dispositif d’appel sélectif est utilisé.

Dans l’exploitation la plus rudimentaire, l’appel du poste demandé s’effectue par une convention simple : Un coup de magnéto d’appel pour X, deux coups pour Y, trois coups pour Z, avec l’inconvénient que tous les interlocuteurs potentiels sont dérangés.

Pour palier cet inconvénient, un système d’appel plus élaboré est souvent installé. Dans une exploitation centralisée, un poste dit principal, (c’est, par exemple, celui installé dans une amorce de dispatching)peut sélectionner un poste secondaire par numérotation et ne déclencher que la sonnerie du poste demandé.  En revanche, un poste secondaire ne peut appeler que le poste principal.

Dans un système encore plus élaboré techniquement, tout poste peut appeler par sélection chacun des autres postes. Comme dans tout « sélectif », une seule communication n’est possible en même temps, et chaque poste peut intervenir dans la communication en cours.

L’évolution vers des réseaux téléphoniques dédiés

La complexité des réseaux électriques augmentant, des sociétés d’électricité se regroupent, leur zone d’action s’étend et, vers 1935, se constituent de véritables petits réseaux téléphoniques automatiques, constitués de plusieurs « sélectifs »,parfois d’un petit autocommutateur. Dans certaines régions, s’il existe un dispatching, ce sont de véritables réseaux téléphoniques automatiques qui se mettent en place. Ces systèmes sont très divers tant par le type de numérotation : nombre de chiffres à composer, numéros différents selon l’origine de l’appel, existence ou non d’enregistreurs. Aussi les mises en relation automatiques de postes téléphoniques appartenant à des sociétés différentes sont en pratique impossibles, alors que le développement de l’interconnexion des réseaux électriques impose ce type de communication.

Un début de normalisation

Une commission du comité d’organisation de l’énergie électrique (COEE) étudie la possibilité d’extension d’un système de commutation automatique à l’ensemble des réseaux électriques français. Cette étude aboutit à  la publication d’une note le 28 janvier 1943 dont le titre est : « Directives en matière de téléphonie par haute fréquence ».

Outre l’appel à une extension du réseau par un important programme d’équipement à réaliser par les entreprises, ces directives établissent une stricte discipline dans l’usage de ces télécommunications privées, qui doivent être réservées à l’exploitation technique du réseau detransport d’énergie. Elles comportent également une unification de la commutation pour permettre un acheminement rapide des communications les plus importantes. Le COEE divise ainsi le réseau HF en deux catégories, en adoptant une numérotation à trois chiffres :

  • d’une part des réseaux téléphoniques élémentaires à l’intérieur de chaque complexe ;
  • d’autre part le super-réseau qui assure les communications stratégiques entre dispatchings et les postes essentiels.

Cette note définit les principes de base d’un réseau téléphonique de sécurité à numérotation automatique à trois chiffres qui sera adapté puis mis progressivement en place dès la création d’EDF.

Les besoins pour la téléphonie de sécurité d’EDF

Dans toute la suite de ce chapitre, pour simplifier, on utilise le nom de « RTS » bien que ce sigle n’ait été réellement utilisé qu’à partir des années 1980. Auparavant, il n’est question que de « réseau HF » ou plus simplement de « la HF » par opposition au réseau téléphonique PTT appelé communément « l’Etat» (car tous les postes comportaient une étiquette « propriété insaisissable de l’état »).

A la nationalisation, les besoins téléphoniques d’EDF pour l’exploitation du réseau électrique sont restés les mêmes que ceux des sociétés électriques qui l’ont précédée. Mais l’organisation a changé et la France est divisée en huit régions pour les services du transport et des mouvements d’énergie. Il existe huit dispatchings régionaux supervisés par un dispatching national et quelques dispatchings secondaires qui disparaîtront progressivement. Malgré l’existence de consignes autonomes dans les postes et progressivement d’un nombre de plus en plus élevé de télémesures, le dispatcheur ne peut jamais se passer de téléphone.

Il se disait à l’époque : « La conduite du réseau est un problème simple à condition de disposer d’un dispatcheur intelligent et d’un téléphone qui fonctionne ».

On ne sait pas si on pouvait, à l’époque trouver un dispatcheur quelque peu ignare, mais une chose est sûre : c’est que le téléphone ne fonctionnait pas toujours très bien !

Les principaux contacts téléphoniques pour l’exploitation.

Les principaux contacts téléphoniques indispensables pour l’exploitation sont les suivants :

  • entre le dispatching, les services d’exploitation du transport, de la production, de la distribution et de certains clients importants ;
  • entre le dispatching et les différents postes HT, centrales et usines ;
  • entre les dispatchings et dispatchings secondaires ;
  • entre les postes HT ;
  • entre les postes HT et centrales ;
  • entre les services d’exploitation transport et les postes HT, les services d’exploitation hydrauliques et leurs usines.

Les besoins en informations et en commandes

Le trafic est important dans les années 1940 et 1950. En effet,

Structure du Réseau Téléphonique de Sécurité (RTS)

Entièrement automatique et totalement indépendant du réseau téléphonique public, il ne doit desservir que les personnels d’exploitation et d’entretien du réseau haute tension.

Ce réseau téléphonique est ainsi constitué d’un ensemble d’autocommutateurs sur lesquels sont raccordés les abonnés et qui sont reliés entre eux par des voies de transmission acheminant les communications.

Le réseau est systématiquement maillé et ne présente aucune hiérarchisation.

Dans ce RTS, ces voies de transmission sont constituées par :

  • des liaisons à courant porteur sur ligne (CPL) à HT, ce sont la grande majorité des liaisons dans les années 1940, 1950, voire 1960 ;
  • des circuits téléphoniques loués aux PTT ;
  • plus rarement par des circuits utilisant des câbles posés par les anciennes sociétés ou par EDF.

Principes généraux de base du RTS

Les principes adaptés de la note du 28 janvier 1943 aux besoins d’EDF induisent les spécifications du RTS et sont :

  • réseau téléphonique entièrement automatique avec numérotation homogène à 3 chiffres à l’intérieur de chacune des huit régions définie précédemment ;
  • maillage du réseau et itinéraires multiples pour l’acheminement des communications ;
  • maintien des niveaux de conversation indépendant du nombre d’autocommutateurs traversés ;
  • numérotation à 3 chiffres ;
  • possibilité d’établir une communication hors de la région ;
  • possibilité de choix manuel de la liaison avant numérotation (nommée : prises à l’unité) ;
  • existence de facultés complémentaires comme le déroutage, la traduction de numéros ou transcodage, l’adaptation du réseau à des exploitations de type sélectif ;
  • facilités de maintenance du réseau intégrées dans les autocommutateurs (possibilité de sélectionner dans chaque autocommutateur une direction pour la tester).
  • Un plan de numérotation permettant aussi bien les communications régionales qu’interrégionales est défini. Voir la description du plan de numérotation.

Dès 1955, il est admis que la bande phonie utilisée sur les voies de transmission du RTS soit limitée à 1 900 Hz afin de permettre la transmission de données dans les fréquences supérieures par multiplexage en fréquence.

Les autocommutateurs, leurs particularités

Si la technologie des autocommutateurs du RTS est celle de l’époque qui les a vus naître, matériel de type rotatif, tout à relais puis Crossbar et enfin électronique, et si les normes utilisées sont celles des PTT, ceux-ci possèdent cependant des caractéristiques qui les différencient des autocommutateurs privés et publics.

Ce sont avant tout, des autocommutateurs de transit 4 fils traitant souvent plus de liaisons avec d’autres autocommutateurs que desservant d’abonnés locaux 2 fils. Par exemple: 20 liaisons et moins de 10 abonnés pour une gosse installation.

Le raccordement des abonnés de l’autocommutateur RTS est identique à celui des abonnés d’un autocommutateur privé. En revanche, l’interface avec les équipements de liaison est spécifique, au réseau téléphonique de sécurité. Plus d’informations sur les interfaces.

Les autocommutateurs doivent gérer un nombre important de directions d’appel ce qui avec les déroutages,  induit des tables d’aiguillages compliquées.

Le classement des autocommutateurs

Ces autocommutateurs sont classés en 4 types A, B, C, et D en fonction de leur capacité, ce qui permet d’obtenir chez les constructeurs de petites séries et d’éviter une fabrication à la demande.

– la série A :prévue pour les très gros centres de transit, est en fait constituée par couplage d’autocommutateurs de série B ;

– la série B :  gros autocommutateur de transit: 16/20 liaisons de transit, 20 lignes d’abonnés, 6 circuits de connexion, 3 enregistreurs, 2 machines d’appel ;

– la série C :  petit autocommutateur de transit: 8 liaisons de transit, 10 lignes d’abonnés, 2 à 4 circuits de connexion, 2 enregistreurs, 1 machine d’appel;

– la série D :utilisé en autocommutateur terminal équipé de 2 liaisons de transit, 5 lignes d’abonnés.

Ce classement a été maintenu indépendamment de la technologie du matériel.

Les installations terminales du RTS

Dans un tel réseau de sécurité, les appels concernent le plus souvent une fonction, exploitant d’une usine ou d’un poste, rarement une personne précise. Aussi, un abonné du RTS est le plus souvent une installation téléphonique plus ou moins complexe, plus rarement un poste téléphonique simple.

Les installations du dispatching :

Les dispatcheurs ont à leur disposition des facultés supplémentaires, ce sont en effet les utilisateurs principaux du RTS. Ils ont pour chaque circuit issu du dispatching:

  • la supervision de l’occupation;
  • la prise directe d’un circuit au départ;
  • la possibilité d’une écoute en tiers dans une communication établie;
  • la possibilité de coupure d’une communication en cours.  En savoir plus

Les installations terminales dans les postes et usines :

En 1946 et encore quelques années plus tard, une présence humaine permanente avec un service de quart est la règle dans tous les postes HT importants et toutes les usines hydrauliques. Dans les tout petits postes on se contente d’un renvoi du téléphone par clef dans un domicile tout proche.

Dans les postes importants l’homme de quart dispose d’un pupitre lui permettant de transférer par manœuvre de clefs, des communications du RTS et des PTT, au personnel du site. En savoir plus

L’exploitation et la maintenance du RTS

L’information des utilisateurs, le répertoire du réseau

Bien que la majorité des utilisateurs du RTS appelle presque toujours les mêmes numéros et les connaît par cœur, le RTS est un réseau sans restriction dans lequel tout abonné peut joindre n’importe quel autre abonné. Un  répertoire des abonnés raccordés est donc nécessaire pour en faciliter l’utilisation. Chaque service télécommunications établit à intervalle irrégulier le répertoire de sa zone, (on ne peut pas parler d’annuaire, la fréquence de publication variant de deux à cinq ans selon les époques et les services télécommunication si dans lequel on peut trouver les numéros et divers renseignements concernant les sites raccordés comme le n° PTT, l’adresse postale, le plan du réseau avec les autocommutateurs, les liaisons, les numéros de prise des liaisons. Voir l’exemple du répertoire téléphonique d’exploitation de Rhône Alpes Auvergne de 1997.

Ce document est également un outil à l’usage des agents télécommunications pour effectuer des essais et contrôles.

Les autocommutateurs du réseau

Le comportement en exploitation des autocommutateurs est fortement dépendant de la technologie du matériel.

Les premiers équipements utilisent généralement la technologie R6 à commutateurs rotatifs et à relais à simple contact. Les pannes sont nombreuses malgré des réglages trimestriels et surtout elles sont aléatoires et fugitives.

La deuxième génération de matériel R6, livrée vers 1950, emploie des rotatifs améliorés et des relais à double  contacts. Bien que nécessitant un entretien suivi, ces autocommutateurs sont moins sujets aux pannes fugitives  qui mettent à rude épreuve les nerfs des agents télécommunications chargés de l’entretien.

L’apparition de la technologie Crossbar au milieu des années 1950 peut être considérée comme une révolution en terme de fiabilité.

Dans les années 70 la principale difficulté se situe dans la gestion du réseau qui, en technologie électromécanique, est fastidieuse: toutes les données concernant l’aiguillage des appels à la sortie des autocommutateurs, on dirait aujourd’hui le routage, sont propres à chaque autocommutateur. Concrètement, toute modification d’itinéraire, tout ajout de nouvel autocommutateur ou de nouvelle liaison dans le réseau impose des interventions dans plusieurs autocommutateurs du réseau voire dans tous. Les agents télécommunications doivent alors en modifier la « logique » de câblage, (on dit alors: reprendre les straps). Cette action nécessitant au préalable un travail important de coordination et de préparation pour minimiser l’impact sur l’exploitation.

La technologie électronique pour ces autocommutateurs apparaît tardivement dans les années 1980. Les besoins sont limités et le remplacement des autocommutateurs Crossbar ne présente pas d’urgence. En effet, ces autocommutateurs électroniques n’améliorent ni le service fourni aux utilisateurs, ni la fiabilité déjà excellente. En revanche,  ils facilitent la maintenance et la modification des routages grâce à la télégestion. Il aurait alors été possible d’avoir une gestion du RTS centralisée par CRTT.

Les évolutions du RTS au fil des années

Le RTS fait partie intégrante du réseau électrique. Depuis 1946, et jusque dans les années 1970, vaille que vaille, le « réseau HF » fonctionne, rend des services. Les évolutions qui se produisent ne gênent ni ne changent son fonctionnement, que ce soit :

  • l’augmentation du nombre de sites HT qui induisent de nouveaux abonnés, l’ajout d’autocommutateurs et de nouvelles liaisons,
  • la suppression progressive des services de quart dans ces sites accompagnés de la mise en œuvre d’autocommutateurs et de gardiennages,
  • la modernisation des installations des dispatchings qui permet l’appel des sites haute tension par numérotation automatique (le dispatcheur appuie sur le bouton correspondant au site demandé).

Le département Télécommunication est cependant conscient des défauts congénitaux de ce réseau conçu à une époque où la numérotation ne pouvait être transmise qu’en décimal à travers les enregistreurs de chaque autocommutateur. Cela induisait un délai d’établissement de communication important (notamment lorsque plusieurs numérotations successives étaient nécessaires pour cheminer d’autocomm en autocomm). La comparaison avec le réseau téléphonique public qui s’améliore progressivement n’est plus en faveur du RTS. D’autre part, le nombre de numéros disponibles se réduit au fil des extensions: le passage de 8 régions à 7 régions lors de la disparition de la zone Massif Central en 1971 et de la réorganisation des mouvements d’énergie a imposé des reprises profondes de la numérotation et des acheminements dans les 3 régions concernées Alpes, Est et Sud-Ouest.

Un premier projet de modernisation

Le projet de modernisation est mis à l’étude en 1973. Il prévoit:

  • le passage de la numérotation à trois chiffres par CRTT à une numérotation homogène à quatre chiffres sur l’ensemble de la France, ce qui permet d’augmenter le nombre de numéros disponibles afin de satisfaire les besoins nouveaux dus à l’évolution du réseau électrique.
  • le remplacement de la numérotation décimale entre autocommutateurs par une numérotation multifréquence dite deux parmi cinq normalisée sous le nom de « MF Socotel » (En savoir plus) et utilisée par les PTT dans le réseau téléphonique commuté public. Le temps d’établissement des appels est alors réduit d’un rapport quatre environ.

Des liaisons tests sont mises en exploitation, et fonctionnent correctement, mais le projet est mis en sommeil et ne sera jamais réalisé. Parmi les raisons de cet abandon se trouvent notamment :

  • le fait que le manque de numéros disponibles se révèle être un faux problème du fait des nouvelles possibilités offertes par les autocommutateurs, entre autres la dissociation entre la ligne d’abonné et le numéro, ainsi que la possibilité de répartir plusieurs numéros d’une même dizaine sur plusieurs autocommutateurs ..
  • la disparition de CGCT constructeur d’une majorité d’autocommutateurs en service, difficilement modifiable sans son intervention ;
  • le coût en moyens humains nécessaires à la mise en œuvre, jugé trop important;
  • le coût global du projet (il y avait environ 250 autocommutateurs en service).qui sans être exorbitant, n’en est pas moins très élevé ;
  • Le client final, le services des mouvements d’énergie, est moins intéressé. Avec le développement massif des télémesures et des télésignalisations , les relations téléphoniques n’ont plus ce caractère d’outil de travail unique. Et puis, le réseau téléphonique public fonctionne de mieux en mieux, il est de plus en plus utilisé et le RTS un peu délaissé …
  • Dans le même temps, les services télécommunications ont fort à faire par ailleurs.

Il n’y avait donc plus d’urgence à modifier un système certes vieillot, mais qui donne satisfaction sur son rôle principal de sécurité.

Un deuxième projet de mise à niveau

Un examen critique du RTS des années 1980 confirme que ce réseau ne donne plus entière satisfaction à ses utilisateurs. Le réseau est constitué d’autocommutateurs électromécaniques de technologie type Crossbar très fiables,  mais périmés au niveau technologique et d’autocommutateurs électroniques dont les performances sont mal utilisées. Les liaisons sont constituées à 60 % de liaisons spécialisées 4 fils louées aux PTT considérées comme fiables dans 80 % des cas, à 35 % de liaisons CPL avec les inconvénients inhérents à ce type de liaisons, le reste étant constitué de câbles privés, câbles pilote, câbles à armure close et enfin de liaisons radio point à point en 450 MHz ou 7 GHz. C’est une base relativement saine. Mais:

  • Le système de routage et de retransmission en numérotation décimale des appels d’autocommutateur à autocommutateur est dépassé car beaucoup trop lent.
  • La structure du réseau n’est pas optimisée en fonction du trafic: le RTS est un réseau maillé, il possède un nombre trop important d’autocommutateurs et des liaisons pas toujours bien placées et très peu utilisées par le trafic. Cette structure convient dans le cas d’un trafic bien réparti géographiquement tant par l’origine que pour la destination des appels, ce qui n’est plus le cas.
  • Le coût des liaisons louées est important malgré la réduction de 50 % accordée, une bonne gestion nécessiterait un examen régulier de leur intérêt.
  •  L’entretien totalement décentralisé est inadapté à l’exploitation d’un réseau téléphonique. D’ailleurs, le suivi du réseau n’a pas toujours été bien assuré: lors de la réorganisation de CRTT et la décentralisation d’activités, la fonction gestion a été négligée et des conflits de numérotation ont pu apparaître. Pour l’utilisateur, même si le taux de perte du réseau est faible pour les appels les plus fréquents, certaines communications entraînent l’aboutement d’un nombre important de liaisons, tout particulièrement en cas de déroutage. Le temps d’établissement des communications devient alors très long, et la qualité des communications insuffisante. Certains appels peuvent même ne pas aboutir!

Une modernisation est donc à étudier. Un cahier de spécifications fonctionnelles des autocommutateurs (en savoir plus) et un schéma directeur du réseau (en savoir plus) sont établis.

Cette étape, comme la précédente n’ira pas jusqu’à une réalisation concrète.

 D’une part les services offerts par les réseaux publics filaires et radios présentent une qualité de service en augmentation et une couverture croissante, d’autre part les incertitudes sur l’organisation de la Direction Production Transport d’EDF, celles sur la fourniture des voies de transmissions font que les décideurs optent pour ne pas s’engager sur un projet de long terme…

Le RTS en situation exceptionnelle

L’incident du 19 décembre 1978 :

Le RTS lui-même a bien fonctionné alors que les 3/4 du réseau électrique français sont restés dans « le noir » plusieurs heures. Pour l’anecdote, certains utilisateurs n’ont pas toujours eu cette perception. Ainsi, de nombreuses lignes RTS, comme PTT d’ailleurs, aboutissant à des dispatchings étaient considérées comme en panne, alors qu’elles avaient été mises en garde sur le pupitre dispatching (donc bloquées pour tout utilisateur). Les sollicitations des dispatchers était telles qu’ils ne pouvaient répondre à chacune d’entre elles. Les exploitants de certains postes et usines n’ont donc pas pu joindre le dispatching pendant plusieurs heures!

L’incendie du central PTT Sévigné de Lyon:

Un incendie s’est déclaré le 9 novembre 1981 en tout début de matinée dans les locaux du central PTT Sévigné de Lyon où est notamment installé l’autocommutateur assurant la fonction de centre de transit et d’amplification régional. La conséquence a été que seul le trafic téléphonique local était possible, et que tous les circuits régionaux loués étaient hors service, donc toutes les liaisons du RTS assurées par des circuits PTT.

Le dispatching pouvait cependant communiquer avec la majeure partie des sites de sa zone d’action grâce aux liaisons CPL aboutissant dans les postes HT de la banlieue lyonnaise, prolongées jusqu’au dispatching par des câbles EDF. Une liaison directe avec le dispatching central de Paris a pu être établie vers 10 heures par aboutement des CPL Lyon-La Boisse —> Henri Paul, Henri Paul—>Vielmoulin, Vielmoulin –> Creney , Creney—>Plessis Gassot-Paris. Des agents télécoms dépêchés sur place en urgence ont pour cela « shunté» les autocommutateurs de sécurité d’Henri Paul, Vielmoulin, et Creney.

       Défaillance du réseau téléphonique PTT:

Le RTS montre son utilité lorsque le réseau téléphonique commuté public est perturbé :

  • soit par des pannes
  • soit par saturation due à de nombreux appels des abonnés. Par exemple, lorsqu’un nuage toxique a recouvert une partie de Nantes, le réseau téléphonique commuté public a été saturé pendant plusieurs heures, les  lignes réseau PTT du dispatching ont été pratiquement inutilisables, mais le RTS est resté disponible.

Et après ?

Un successeur viendra enfin au RTS, mais, cela fait partie d’un article en cours de rédaction! il vous faudra encore patienter un peu…

A bientôt.

.

Publications similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *